Ca y est, la coupe est pleine, la décision s’impose : je quitte Facebook.
Non, je quitte Meta.

Tu l’as déjà fait, non ? Et pourtant tu t’es remis dessus …

Oui et non : j’avais désactivé mon compte (me permettant de conserver Messenger), ici je parle de supprimer complètement mes comptes…

Tu vas rater des informations ? Tu vas être injoignable ?!

Et si toutes ces raisons valables et rationnelles à première vue n’étaient qu’illusions ? Comme le dit Ploum, ne suffit-il pas de s’en passer pour se rendre compte que le monde continue à tourner ?

OK OK, tu peux choisir de quitter les applications de Meta (Facebook, Instagram, Whatsapp, Messenger), mais finalement : qu’est-ce qui te pousse à le faire ?!

Partir pour des raisons éthiques

Initialement perçus comme libérateurs grâce à leur rôle dans la révolution du « Printemps Arabe » (2013), leur impact « révolutionnaire » est aujourd’hui remis en question…

Pire, au niveau collectif, Facebook œuvre dans le cadre d’une démarche purement business, allant allègrement à l’encontre des valeurs humanistes et de la démocratie :

• 2016 : USA – ingérence de la Russie dans les élections américaines #IRA
• 2016 : Brexit – Carole Cadwalladr met en avant la désinformation sponsorisée qui a créé un décalage entre la réalité perçue par les votants du « leave » VS leur réalité vécue… #CambridgeAnalitica
• 2017 : Automne Arabe … Après une communication très positive sur le rôle de Facebook lors du Printemps Arabe en 2013, le réseau social retourne sa veste et ferme la page militante « 6 avril direct » brouillant ainsi les communication du mouvement.
• 2020 : Yaël Eisenstat, ex-employée de Facebook, revient sur les avantages économiques de la polarisation et de la radicalisation sur Facebook, et leurs effets dévastateurs sur la société.
• 2020 : Coronavirus, les réseaux sociaux permettent le développement d’une infodémie qui prolifèrent plus vite encore que la pandémie …
• 2020 : Collaboration de Facebook avec l’Etat du Vietnam pour censurer les publications « hostiles à l’Etat »
• 2021 : Nouvelle lanceuse d’alerte Facebook qui pointe que le réseau social encourage la haine pour générer des profits

Et puis… Et puis, il y a ce dernier événement qui m’a finalement décidé à partir :

• 2022 : Facebook fourni à la justice américaine des conversations privées sur Messenger dans un dossier d’avortement illégal au Nebraska, contrairement à Apple par exemple (dans nu dossier sur le terrorisme).

Ces événements posent mille et une questions sur la notion de liberté et notamment de liberté d’expression (politique, humouristique, artistique) au point que tout le monde est mécontent :

• A « gauche » : les personnes qui y voient de la manipulation politique et commerciale… La liberté d’expression permettrait le contrôle des masses et la violence interpersonnelle, au point de devoir créer des réseaux sociaux alternatifs modérés (dans tous les sens du terme), tels que Telepath.
• A « droite » : les personnes qui y voient une barrière à l’expression de leur vérité … les personnes qui s’identifient à des mouvements relevant de la new right, qu’on nomme poliment conservateurs, qu’il y a encore quelques années on nommait fachos… Celles-là ne se trouvent pas assez libres de partager leurs vérités alternatives, fake news & fake truths qui polluent nos réseaux … Et se retrouvent alors sur des réseaux sociaux qui se veulent libres de toute modération, tels que Minds ou Truth Social, le réseau social de Donald Trump (la bêtise ne recule donc devant rien).

Mais quand on parle de censure sur les réseaux sociaux, on utilise la novlangue, c’est bien plus facile à faire passer. Sauf que même avec la langue de bois, on peut dire que la modération des contenus pose problèmes…

Parlons peu, parlons bien: non aux tétons, pourquoi pas la décapitation.

Bien entendu, modérateur.rice est un job extrêmement violent, mais on ne me fera pas croire que Facebook n’a pas les ressources pour investir massivement dans :

1. l’IA et le contrôle des violences et des fake news
2. des équipes de modération pour épargner une partie de ces violences à ses employé.e.s et une majorité de ces violences à ses users.

Partir pour des raisons de santé

J’ai constaté que plus je passais de temps sur les réseaux sociaux, moins je me sentais bien.

Et pour cause :

• Plus tu te connectes, plus tu te déconnectes : l’isolement augmente avec le temps passé sur les réseaux
• Comparaison n’est pas raison : c’est dépression … alors il faut passer à la déconnexion sans quoi on met à risque sa santé mentale
• Ton temps, c’est leur argent : j’avais déjà pas mal exploré des trucs & astuces pour réduire le temps passé sur le réseaux dans un article sur mon blog. Je terminais cet article en disant : « le mieux serait encore de se désinscrire », mais je n’étais pas prêt à la faire … Puis, le génial documentaire « The Social Dilemma » (à voir absolument sur Netflix) m’avait enfin convaincu à désactiver mon compte (et ainsi conserver Messenger). Mais la dopamine c’est une drogue… Alors on y retourne inlassablement quand on a « du temps à tuer » (quelle drôle d’expression).

Partir pour des raisons philosophiques

Vous aussi vous frémissez devant le dystopies de Black Mirror sur Netflix ? Mais n’est-on pas déjà en train de vivre cette dystopie algorithmique ? Et la vision du monde de demain de Meta n’est-elle pas carrément terrifiante ?

Partir pour des raisons de sécurité

Vous aimez que vos données soient privées ? Alors vous n’aimez pas Meta. D’ailleurs, sans doute avez vous vous-même été tenté.e.s de supprimer Whatsapp en 2021 quand les nouvelles conditions d’utilisation explicitaient à quel point la privacité de vos données était anecdotique …

Ceci dit … Avec un groupe comme Meta, que les conditions générales soient en notre faveur ou non, ça ne change pas grand chose vu les failles de sécurité gigantesques qui persistent encore et toujours dans ces plateformes. Ainsi, rien qu’en 2019, les données de plus d’un milliard de comptes (soit 50% des comptes Facebook à l’époque) ont fuité… C’est beaucoup. C’est beaucoup et … ce n’est pas tout ! Cliquez ici pour obtenir la liste de toutes les failles connues.

Et vous, vous partez quand ?

Bref, je ne peux m’empêcher d’imaginer les futurs Humain.e.s apprendre dans leurs « livres » d’Histoire que nous avons fait les frais d’une avancée technologique qui aurait pu apporter de nombreux bénéfices, mais qui a basculé vers une génération d’addicts… Pour notre fix de drogue digitale, nous sommes prêt.e.s à sacrifier toutes nos libertés : penser, choisir, vivre nos émotions, contrôler notre temps et notre vie, garder nos données privées…

Comme les étudiants d’Agro Paris Tech vous appellent à déserter les entreprises et les modèles économiques nocifs pour le monde, je vous appelle à déserter les réseaux sociaux, qui sont tout autant nocifs pour le monde et pour vous-mêmes.

Partez. Que ce soit pour être plus heureux.se en vivant le moment présent, parce que vous cherchez à améliorer votre productivité, pour ne pas perdre davantage d’argent, ou juste parce que votre expérience utilisateur devient toute pourrie tellement vous êtes noyé.e par la quantité de pub qui devient irrespirable … Partez.

Je ne vous manquerai pas 🙂

Vais-je sacrifier tous les réseaux sociaux ?

• Non, je vais conserver Linkedin, qui est clef pour mon métier.
• A terme, j’envisage de rejoindre Diaspora ou Telepath. Mais pas dans un premier temps.

Comment diantre allons nous rester en contact ? 🧘

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Je me réjouis que nous discutions activement en direct, autour d’un café, d’un repas ou d’une bière !

A très bientôt dans le monde réel 🌍